tuesday night at shepperd's siblings (r)

crédit, aliciavikander/tumblr.
All along it was a fever
A cold sweat hot-headed believer.
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On se serait cru un mardi soir dans les hamptons. Les ruelles désertes, les téléphones en mode silencieux. Et pourtant, il était bien samedi soir. La cause de cette accalmie si rare ? Le mauvais temps. Comme quoi, un petit peu de pluie peut très facilement déstabiliser le beau monde. Il faut dire aussi, que le grand feu de joie prévu sur la plage, était tombé à l’eau – sans mauvais jeu de mots- De mon côté, je prends mon temps pour ranger mes affaires dans mon petit casier métallique, dans les sous-sols de l’hôpital. Depuis quelques semaines, j’ai du mal à rentrer à l’appartement l’esprit tranquille. Jules est de retour dans ma vie, et j’ai du mal à prendre mes marques à ses côtés. Ma nervosité prend le dessus, malheureusement pour mes poumons – vu le nombre de cigarettes que je fume par jour depuis – je ne sais pas trop comment reprendre nos relations. En même temps, je l’ai quitté jeune adolescente, et je la retrouve complètement femme. Je pourrais encore une fois fuir toute confrontation et passer la nuit chez Bellis, mais il est temps de faire face à ses vieux démons. Même si le terme n’est pas franchement approprié pour décrire ma petite sœur. Je prends quelques minutes pour envoyer un texto à Bellis. Je lui indique que je ne passerais pas ce soir, la soirée doit être familial, elle comprendra bien entendu. Je range mon téléphone dans ma poche tout en faisant claquer la porte en fer de mon casier.

(…) Sur le chemin vers la maison, je suis passé prendre une pizza et quelques sodas, il est bientôt 8h30, et je me doute que Jules m’attend pour le dîner. Je monte les marches rapidement, l’idée à fait son chemin dans ma tête, et je suis plus que prêt pour renouer avec ma petite sœur adorée. J’entre dans l’appartement et dépose la pizza sur la table du salon, Jules n’est pas là, je vois mes affaires que j’avais laissé en bazar soigneusement rangé dans un coin. Je ne peux pas m’empêcher de sourire. Depuis que Jules est venu vivre avec moi, je lui ai laissé ma chambre, il était impassable que je la laisse dormir dans le salon, de plus il m’arrive de camper dans le loft de Bellis, donc ça ne me posait aucun soucis. Je traverse le couloir menant dans ma chambre, je frappe deux petits coups avant de rentrer, sans attendre de réponse. Jules est allongé dans mon lit, le dos contre le mur. La petite boule de poil qui la suit partout est sur ses genoux. – Coucou. J’ai pris une pizza. Je te souris avant de venir te rejoindre sur le lit. A chaque fois que je te retrouve en rentrant du boulot, je suis ébahit de te voir. C’est comme si je réapprenais à te connaitre. Je peux encore déceler l’enfant en toi, mais tu te caches plutôt bien. Ton regard est beaucoup moins naïf qu’autrefois, et un soupçon de tristesse me déstabilise. – J’ai oublié de lui prendre quelque chose par contre. Je caresse doucement le chat que tu nommes gavroche avant de te sourire, cherchant une certaine complicité. Mes doigts frôlent les tiens, et j’ose prendre ta main pour la serrer doucement. – Je suis désolé de ne pas avoir été trop là depuis que tu as emménager. Je me rattrape ce soir. On fait ce. Que. Tu. Veux.

For every step in any walk
Any town of any thought I'll be your guide
crédits/tumblr ~ aaron

Les gouttes de pluie martèlent la devanture de la vitrine du café où tu travailles depuis plusieurs années déjà. En y songeant, tu te dis tout simplement que le temps passe vite sans réellement t’en rendre compte. C’est comme débuter une journée avant de la renouveler le lendemain, après tout cela avait toujours été ton moto : métro, boulot, dodo. Les mains sous l’eau tu t’évertues à nettoyer la dernière vague de vaisselle – avant de quitter ton service – bien que ton attention soit portée toute ailleurs. Vers des rebords de ton esprit que tu prends soin de ne pas remettre sur le tapis, mais ces derniers se mettent perpétuellement sur ton chemin. Ton quotidien n’avait guère changé en soi, seulement tu ne pouvais nier le grand pas en avant que tu avais décidé de prendre en venant vivre avec ton frère. Vous aviez un passé commun et puis un passé individuel tout à la fois, et c’était sans doute ce qui creusait un fossé entre vous. Depuis quelques semaines, tu semblais maladroite dans ta manière d’agir prenant soin d’éviter tout genre de discussion avec Callum, d’ailleurs il n’était guère souvent là lui non plus. Des boulots et des engagements bien personnels, sans omettre que vous aviez chacun forgés votre vie en l’espace de dix années. Un laps de temps suffisamment grand pour vous distancer l’un de l’autre. L’eau chaude devient légèrement un peu plus brulante, ta peau rougis sous l’effet soudain de la chaleur ce qui te sort brutalement de ta songerie passagère. La grande pièce du rez-de-chaussée est vide et seule la petite lumière derrière le comptoir éclaire encore l’intérieur du grand café coutumièrement fréquenté. Tu essuies tes mains avec un torchon avant de tourner à nouveau ton regard vers la vitrine où la pluie continue de tomber à verse. La soirée commençait à peine et quelques projets auraient pu trancher avec l’art monotone d’une routine silencieuse et assidue que tu menais. Tu aurais pu proposer à Sera de passer la voir, elle aurait des plus enchantée de te mettre en tête de profiter de l’existence et de laisser de côté tes travaux universitaires mais dans le fond ce n’était pas une bonne idée. Tu laisses tomber, puis tu optes pour contacter éventuellement Niels. Finalement l’idée se révèle encore moins bonne, tu ne fais que l’éviter. Tu soupires. La vérité toute simple c’est que tu restes au croisement d’un carrefour de problèmes encore non résolus et ils ne demandent qu’à se résoudre. Seulement en es-tu capable ? Tu soupires une énième fois devant la réalité qui s’impose à toi. Tu passes une main dans tes cheveux rassemblés en une queue de cheval plutôt floue pour y défaire l’élastique qui les tient liés. Mesurant la situation, tu préfères rentrer pour profiter tranquillement d’un peu de temps pour toi sachant que très bien que tu finirais par retourner à l’étude de tes nombreux bouquins. Autant faire face à ton frère, ce lien fraternel qui a été celui sur lequel tu as tant pu compter par le passé. Du moins, cela restait encore en suspens car ces derniers temps il n’était guère souvent là. (…)

Un peu moins d’une demi-heure plus tard, tu pousses la porte de l’appartement que tu partages avec Callum. Comme tu le pensais il était désert. Bien que cette nouvel environnement te soit fort différent, tu appréciais le décor et la sensation que ce logement, tu ne saurais l’expliquer en détails mais tu t’y sentais comme chez toi, tel un sentiment de déjà vu, de déjà vécu. Dans le coin du salon, tu peux apercevoir les affaires de ton frangin. Un bazar ordonné mais qui demeure le sien. Un maigre sourire apparait aux coins des lèvres alors que tu déposes ton sac sur le comptoir de la cuisine tout en prenant la direction de la chambre que tu occupes. Une attention encore particulière de sa part. Tu ne pouvais le nier, il faisait tout pour amorcer des débuts de conversations mais tu ne lui facilitais pas la tâche. Une rancune de son abandon que tu as bien du mal à digérer. Lorsque tu pousses la porte de la pièce, tu aperçois que ton chaton dort avachit tel un pacha au centre du lit. Tu enlèves ta veste avant de t’installer sur le lit pour caresser avec douceur le sommet de son crâne accentuant un peu plus ses ronronnements. Tu rigoles en secouant la tête alors que l’animal s’étire à nouveau pour venir prendre place sur tes genoux. Deux coups frappés plus tard, c’est le visage coutumier de Callum qui s’annonce. « Coucou. J’ai pris une pizza. ». Sa voix prévenante et son sourire sincère traduit à la fois tout le plaisir de vous voir ensemble mais aussi une nouveauté dans son plus simple appareil. Toi qui avait tant pris l’habitude de lire dans l’expression de ses yeux que tu connaissais si bien, toi qui trouvais réconfort dans ses paroles, aujourd’hui il te semble que tout doit être repris de la case départ. Instinctivement tu le considères d’un sourire neutre bien que tu ne puisses masquer l’éclat de revers de tristesse et de mystère que tu entraines avec toi depuis des années. « J’ai oublié de lui prendre quelque chose par contre. ». Sa réplique te faire rire doucement alors que tu caresses le dénommé Gavroche en-dessous du cou. « T’en fais pas pour lui, il a des réserves. ». Ce chat était un véritable petit goinfre !Ton intonation est teinté de légèreté, de quoi mettre en avant cette complicité que vous avez tous les deux tant de mal à retrouver. Callum carasse à son tour le chat, de telle manière que vos mains se frôlent. Ainsi il en profite pour la saisir avec douceur. « Je suis désolé de ne pas avoir été trop là depuis que tu as emménager. Je me rattrape ce soir. On fait ce. Que. Tu. Veux. ». Très honnêtement, tu ne t’attendais pas ce qu’il désire passer du temps en ta compagnie après tout jusque-là vous marchiez sur deux routes opposés bien parallèles à la fois mais sans vous trouver. Tu le regardes en silence l’espace d’un bref instant avant d’hausser les épaules. « Ne sois pas désolé, c’est normal. ». Une simple assertion certes mais qui se voulait légère. Faire ce que tu voulais ? Cela te paraissait bien étranger soudainement de faire quelque chose avec Callum. Tu te sentais en terrain inconnu. Par instinct tu serres sa main tout en poursuivant. « D’accord, alors si on fait ce que je veux tu pourrais déjà m’en dire un peu plus cette fameuse Bellis tout en mangeant cette pizza, hm ? ». Lui dis-tu en désignant d’un signe de tête le cadre d’une photo où figurait une petite brunette au visage fin et amical. Tu en avais déduis qu’il s’agissait de Bellis car il l’avait mentionné à quelques reprises. Tu voulais de nouveau apprendre et comprendre à nouveau ce frère qui était le tien, mais en toute honnêteté c’était aussi un moyen d’empêcher de dévier vers le passé. Ce dernier devait pourtant être mise en revu pour aller de l’avant.