i dare you (saddy)

1) Pourquoi votre famille ou vous avez déménagé dans les Hamptons ? Vous souvenez-vous de votre première balade en bateau, ou d'un quelconque souvenir des Hamptons dans votre enfance ?
Les Hamptons sont loin de m'être inconnues puisque j'y suis née. C'est le lieu où j'ai le plus vécu. Avant il y a quelques mois, je n'en étais jamais partie sauf pour des vacances de courte durée. Je me souviens des concours de châteaux de sable auxquels je participais étant gamine. Il y a eu toutes ces glaces dévorées, dont une que j'avais fini par renverser sur mon frère. Les Hamptons, c'est toute ma vie et ce n'est pas pour rien que je finis par y revenir.
2) Que pensez-vous réellement des Hamptons ? Votre avis le plus profond sur le paysage, les boutiques, la qualité de vie, ces choses-là.
Le paysage n'a rien à envier aux autres. Je crois que nous avons le plus beau coucher de soleil qui soit, avec ses reflets roses et orangés dont je ne saurais me lasser. Certes, ça fait un peu plus ville que lieu paradisiaque parfois mais on trouve toujours son bonheur ici. Mogelato, Starbucks, Beach Bar : ce sont de loin mes endroits favoris. Enfin, c'est sans compter la plage, bien sûr.
3) Il y a plusieurs classes sociales bien distinctes ici. Qu'en pensez-vous ? Est-ce-que la classe moyenne a sa place dans les Hamptons ? La classe upper est-elle un peu trop bourgeoise et anti-sociale ?
Je pense être bien placée pour en juger. En effet, j'ai fait partie d'une des familles les plus riches des Hamptons. Notre fortune ayant régressée, nous n'avons eu aucun mal à remarquer qu'il en a été de même pour le nombre de nos amis. Les gens disent qu'ils vous aiment ici, mais c'est plutôt votre argent et votre train de vie qu'ils convoitent. La différence est très marquée, je dirais même trop marquée. On parle de discrimination en fonction de la couleur de peau. Ici, c'est en fonction du compte en banque et ce n'est pas normal.
4) L'argent prend une grand place dans nos vies, est-ce important pour vous ? Faites-vous partie de l'élite ou alors pas du tout ?
Je dirais plutôt que j'ai fait partie de l'élite. Je ne suis plus dans les plus riches mais je ne suis pas pour autant dans les plus pauvres. Quand je n'avais pas conscience de la valeur de l'argent, je n'y accordais pas d'importance, car je savais que je pouvais m'offrir quasiment tout. Aujourd'hui, je suis plus vigilante sur mes dépenses. L'argent est là mais il s'épuise plus rapidement alors autant prévoir. Je suis plus du genre à épargner qu'à tout claquer. Oui, la fille Holmes met de l'argent de côté. Ça en choquerait plus d'un de le savoir.
5) Chaque année des fêtes mondaines sont organisées, comme le bal masqué, ou la fête en blanc. Aimez-vous ces fêtes ? Est-ce-que vous y participez ?
J'y participe toujours et j'aime plutôt cela. J'ai besoin de voir du monde et de m'amuser, donc ça ne peut être que bénéfique pour moi. Maintenant, c'est quand même un peu plus compliqué puisque je trouve plus difficilement un cavalier. Il paraît que ma beauté n'a pas changé mais l'envergure de mon nom, si. Alors, la convoitise n'est plus vraiment là.
6) Qui est votre modèle ? La personne qui vous influence à changer en bien ou qui chaque jour vous redonne un sourire sur le visage ? Un ami ou une amie, un parent, votre amoureux(se), etc.
Ma mère est et a toujours été mon modèle. Malgré l'argent, elle est toujours restée humble. Quand nous pouvions avoir tout ce qu'on voulait, elle ne dépensait jamais pour quelque chose d'inutile. Certes, il est arrivé qu'elle fasse des folies en succombant face à un bijou. Mais elle a toujours été le genre de personne qui fait passer le bonheur des autres avant le sien. J'ai hérité ça d'elle. Malheureusement, elle nous a quittés l'année dernière. Une absence impossible à combler. Elle était mon âme sœur.
7) Beaucoup de jeunes adultes passent leur plus grand temps dans les bars et les boîtes. Faites-vous partie de ceux-ci ou vous avez passé ça depuis bien longtemps ?
J'ai fait partie de ces jeunes-là. Mais je pense que mon année en France m'a fait du bien. J'ai continué à m'amuser mais j'ai su m'assagir. Je sors de temps en temps et non plus tous les jours, comme j'avais fini par le faire en vivant ici. Je crois que vivre aux Hamptons nous fait souvent prendre de mauvaises habitudes. Mais on n'en a pas conscience puisqu'on ne part quasiment jamais.
8) Quelle chanson serait la parfaite trame sonore de votre vie ? Pourquoi cette chanson ? Parce que vous l'appréciez ou alors pas du tout ? Un extrait ?
Sun Don't Shine de Will Heard. Mais attention, la version acoustique seulement. Le chanteur explique qu'il ne peut vivre sans celle qu'il aime car c'est comme si le soleil ne se levait pas sans elle. Je ne saurais dire si c'est ce que je ressens ou si c'est ce que j'aimerais qu'il ressente. Cela fait un an que je ne l'ai pas vue et, même s'il m'a manquée parfois, ça m'a aussi fait du bien de partir. Il a agi comme un crétin. Lui qui était le seul à me parler comme avant malgré notre perte d'argent. L'extrait ici.
9) Si vous veniez à mourir, qu'aimeriez-vous dire à vos proches ? Quel genre de cérémonie aimeriez-vous avoir ?
J'aimerais dire à mes parents tout comme à mes frères et sœurs que je les aime et que j'ai toujours été fière d'eux. Mon père a commis des erreurs en plaçant mal de l'argent et en nous en faisant perdre mais c'est malheureusement comment ça marche. Comme dirait The Band Perry dans If I Die Young (ici), enterrez-moi dans du satin. Posez-moi sur un lit de roses, immergez-moi dans la rivière à l'aube et faites-moi partir avec les mots d'une chanson d'amour.

Spoiler:

J'avais passé ma journée au haras des Sullivan. Je coopérais toujours avec le Responsable d'écurie qui était à peine plus vieux que moi. C'était assez agréable de travailler avec quelqu'un de mon âge. Il ne me prenait jamais de haut, il était consciencieux et veillait à ce que je comprenne bien tout. Il m'apprenait autant que je lui apprenais, c'était plaisant. Nous avions dû aider une jument à mettre bas. Et oui, le vétérinaire est arrivé alors que c'était fini mais nous avons su nous débrouiller. Après m'être lavée les mains, j'avais pu rentrer à la maison. L'occasion parfaite pour prendre une douche et me changer. Nous n'étions pas encore en plein été mais la température était agréable. Vêtue d'une robe longue avec un peu de dentelle, je choisis de rejoindre la plage pour m'offrir une petite récompense : le magnifique coucher de soleil des Hamptons. Je dus prendre ma voiture pour y aller. Et oui, les difficultés de l'entreprise familiale nous avait coûté notre maison en bord de mer. Toutefois, je ne me plaignais pas trop. J'étais consciente que nous vivions bien mieux que certaines personnes. Je me garais convenablement sur le parking même s'il restait plein de places. Puis, je commençais à marcher sur le sable après avoir enlevé mes chaussures. J'aimais le contact du sable sous mes pieds. Je me suis finalement assise en tailleur, contemplant l'horizon si vaste. Le ciel prenait des teintes roses et orangés. Je crois que c'est la période de la journée que je préfère pour aller à la plage. Loin du brouhaha, des cris des gamins, des ballons de volley qui tombent à côté de vous et qu'il faut renvoyer, du vendeur de beignets qui vient nous casser les pieds. Ce moment paisible valait tout l'or du monde pour moi. Je fus sortie de mes pensées par mon téléphone. Saddy, t'es où ? J'ai envie de te voir. Tiens donc. J'aimais qu'il prenne les devants et que je ne sois pas toujours obligée de faire le premier pas. J'avais du mal à lui dire qu'il me manquait la première à cause d'une certaine fierté et du besoin de me protéger un minimum. Rejoins-moi à la plage, l'endroit habituel ! ♥ Ce petit cœur me coûtait beaucoup. J'avais beau le connaître depuis une éternité, j'avais l'impression qu'on avait changé et la situation avait elle aussi changé. Après dix minutes, il arriva vêtu comme à son habitude de son blazer en cuir. Je ne pris pas soin de me lever, je savais qu'il allait se joindre à moi. Ce qu'il ne manqua pas de faire. Il déposa un tendre baiser sur ma joue. Toujours fourrée ici, pas vrai ? J'eus un léger rire. A quoi bon changer les bonnes habitudes hein ? Tu as raison, cet endroit est parfait. Après ces quelques paroles échangées, nous sommes restés là immobiles et silencieux. Je savais qu'il était tout aussi émerveillé que moi face à cette vue qu'il connaissait depuis toujours. Lui, il avait toujours sa villa familiale au bord de la plage. On aurait pu croire que nous étions fait l'un pour l'autre. Nous l'avions été mais c'était avant. Maintenant, nous jouions au chat et à la souris, inlassablement. Je t'aime, Saddy. Il me disait qu'il m'aimait. J'en étais ravie mais je passais plus de temps à en douter qu'à y croire, malheureusement. Et ce doute me bloquait. J'étais incapable de lui dire même si je le pensais. Je l'avais toujours aimé.

Sa famille et la mienne étaient amies depuis plusieurs générations. Nos grands parents avaient fait affaire ensemble. Nos parents également. C'était donc tout simplement que nous nous étions rencontrés. Un premier repas au country club pour nous intégrer dans la vie de la haute société et nous étions devenus inséparables. Oui mais voilà, mon père a connu des déboires financiers. Il a perdu pas mal d'argent à cause de la crise, nous entraînant avec lui, ma mère et moi. La villa familiale, nous avions été de la vendre pour vivre dans une maison plus petite et sans piscine en plein centre d'East Hampton. Les regards insistants n'étaient plus devenus qu'une habitude. Nous étions la risée de pas mal d'habitants, surtout les plus riches qui avaient investi dans l'entreprise de mon père. Mais lui, mon ami de toujours, mon pilier, il acceptait de me fréquenter. Je sonnais à la porte et il vint m'ouvrir. Fait plutôt rare puisque la domestique s'en occupait habituellement. Il m'embrassa tendrement, comme je n'y étais pas habituée. Il me soutira un sourire avant de me laisser entrer. Je te laisse aller dans le salon. Je vais voir Dania, elle devait faire du thé glacé. D'accord, parfait. Je m'avançais donc dans le grand salon. Cette maison me paraissait immense, maintenant que je vivais dans plus petit que ça. Je lissais ma jupe avant de m'asseoir sur le canapé. Il était d'un moelleux parfait. J'aurais pu dormir dedans si je m'étais écoutée. Puis, Mme Salsbury entra dans la pièce. Je me levais aussitôt. Bonjour, Mme Salsbury. Tiens donc, Cassandra. Que fais-tu ici ? Il n'y avait bien qu'elle pour m'appeler par mon vrai prénom. Et bien, votre fils m'a invitée à venir passer l'après-midi avec lui. Elle sembla dubitative. Elle s'avança vers moi, se saisit de mes mains avant de me pousser à m'asseoir à côté d'elle. Ecoute-moi bien, veux-tu. Tu vas sortir de cette maison et ne plus jamais remettre les pieds ici. Tuttt, ne t'avises pas de me couper la parole... L'amitié entre tes parents et nous est terminée. Il nous a fait perdre de l'argent et vous fréquentez nui fortement à notre réputation. Donc, tu ne vas plus revenir ici et je t'interdis de continuer à voir mon fils, compris ? Je n'en revenais pas. Elle allait vraiment m'interdire de le fréquenter parce que l'économie n'avait pas été au beau fixe. Elle qui se disait si tolérante, je me rendais compte qu'elle était vraiment comme on le disait : une sale profiteuse. Furieuse, je retirais mes mains des siennes avant de quitter la maison en claquant la porte. Il a essayé de m'appeler quelques minutes après mais je n'ai pas répondu. J'avais bien trop honte de la façon dont sa mère m'avait parlée. Comme si je n'étais devenue qu'une moins que rien parce que le compte en banque de ma famille avait perdu 3 zéros. Les jours ont passé. Nous avons continué à nous parler. Par texto du moins. Je le sentais distant malgré tout. Et, un soir, alors qu'on devait se voir, il me posa un lapin. Je vois que tu as choisi ton compte en banque plutôt que ce soit-disant amour que tu disais ressentir. Gardes ton argent si c'est ce qui compte le plus pour toi. Mais saches que je regrette de m'être autant livrée à toi. Je pensais que tu ne changerais pas à mon égard mais je me suis bien trompée ! Après cela, j'ai supprimé son numéro et je ne l'ai plus contacté. C'était il y a un an... Après une année pour m'aérer l'esprit et pour découvrir la culture française, me revoilà aux Hamptons.