he's like a detuned radio. (silas)

Il danse, tourne, voudrait s'envoler, partir. Elles dansent avec lui, les flammes, elles le frôlent, réchauffent son corps, réchauffent son cœur. C'est tout ce qu'il a trouvé pour s'apporter un peu de chaleur, un peu de couleur dans la noirceur de la nuit. Il ferme les yeux, part loin, écoute les boules de feu frapper la terre, elles tapent et rebondissent, s'élèvent au-dessus de lui. Encerclé par le feu, pris au piège volontairement. Se sentir en danger, ou du moins, un peu plus vivant. Il veut pas être vivant pour lui, mais plutôt pour elle, pour l'âme éteinte qui vagabonde et joue à cache-cache depuis un an. Il pourrait voir son corps à travers les flammes, il pourrait l'imaginer, la recréer pour revivre, pour se dire qu'il n'est pas seul. Jeunesse gâchée pour Silas. Ça commence déjà. Jeunesse gâchée par ce corps qu'il a vu rouler sur le bitume. Ça a été le temps d'une seconde, le temps que sa cigarette tombe au sol, le temps de crier son nom. C'est rapide de perdre un être, rapide de voir une famille se décomposer. C'est son cas à lui, gosse de riche, parti pour survivre, parti de la bourgeoisie qui l'étouffe pour apprendre à vivre, penser à autre chose que la mort. Mort des Haner et naissance d'une hypocrisie. Mort d'une seconde sœur et naissance d'un chaos absolu. Il est parti dans la nuit sans bruit, loup noir et sauvage.

come bloody angel, break off your chains and look
what i've found in the dirt
bloody angel - avatar

« C'est toi Silas, pas vrai ? » La mèche rebelle qui lui tombe sur le visage, cache ses yeux saphir. Y a cette furie qui déboule face à lui, mais il s'en contre-fiche. Silas, il préfère manipuler le bâton du diable de ses mains expertes, brûlées par le feu, rougies par l'exercice. Il relève un peu la tête pour la regarder, voir ce qu'elle est. Elle est belle la fille, douce et sauvage, ange et démon. Il dégage cette mèche noire de son visage, elle a le droit de voir son visage elle aussi. « En tout cas, on m'appelle comme ça. » Il se fiche pas mal d'elle et de ce ton dédaigneux qu'elle a pris en lui adressant la parole. Il a l'habitude, Silas, qu'on lui saute dessus sans raison, comme s'il était le mouton noir. Elle l'intéresse pas trop, il voit bien qu'elle essaye de bouger, croiser les bras, sautiller sur place pour lui faire comprendre qu'il est pas seul, mais il préfère jouer avec le bâton du diable. Il préfère l'enflammer et se sentir vivant près du feu, de la chaleur. « Faut avoir un sacré culot pour venir dans un cirque quand on est comme toi. » Le feu les sépare, il se dit que c'est mieux comme ça, sinon, c'est bien lui qui lui sauterait dessus. Il fait prendre vie au bâton, il danse, vole et virevolte. Il a ce côté étrange, gamin du cirque avec son sarouel marron, noirci par les accidents, avec ses tatouages sur son torse, sur ses bras et mains, ses cheveux fous, noir corbeau. Silas, il veut pas répondre à sa menace. Il sait qu'il a pas besoin d'être ici, il sait qu'il a de l'argent, mais elle, elle sait pas qu'il veut pas de sa condition. Elle sait pas qu'il veut se sentir vivant. « J'voulais pas te piquer ta place de vedette, navré. » Il sait bien que depuis qu'il est là, c'est plus lui qu'on demande qu'elle. Jalousie. C'est de ça qu'il est question, et il pourrait sentir qu'elle brûle d'envie de l'achever. Silas, il l'a connait presque pas cette fille, il sait juste qu'elle le déteste parce que c'est un gosse de riche, parce que c'est la nouvelle belle gueule du cirque, parce qu'il lui a volé sa place.

uc.